M. Souillot, membre du bureau confédéral depuis 2015, a recueilli vendredi soir 87,68% des suffrages exprimés par les membres du Comité confédéral national (CCN), le « parlement » de FO, réunissant représentants des fédérations et des unions départementales (77,47% des inscrits).
Petite note douce-amère pour le nouveau secrétaire général: il est « le moins bien élu » des douze membres du bureau confédéral désignés vendredi, selon un de ses opposants au Congrès, Fabrice Lerestif.
Le rapport d’activité de la direction sortante avait à l’inverse été approuvé avec un score d’une ampleur exceptionnelle – 98,15% des voix – de même que le rapport de trésorerie – 98,27%.
Les différentes résolutions, définissant la ligne de FO pour les quatre prochaines années, ont aussi été adoptées à une large majorité lors de votes à main levée vendredi matin.
La future équipe dirigeante sera « portée par la formidable unité, le formidable rassemblement démocratique de la confédération que vous venez d’exprimer », avait dit dans la matinée M. Veyrier, dans un bref discours d’adieu, très applaudi par les militants.
Le congrès, auquel ont participé quelque 3.000 militants, s’était ouvert lundi dans la banlieue de Rouen.
Après celui houleux de Lille en 2018, qui avait vu le secrétaire général Jean-Claude Mailly copieusement hué, puis le départ au bout de six mois de son successeur Pascal Pavageau après la révélation de l’existence d’un fichier sur les dirigeants du syndicat, FO avait à cœur de donner une image d’unité.
Le pari a été globalement tenu, malgré quelques prises de parole dissonantes des cercles « pavagistes » et des « anarchistes ».
Signe de cette volonté de rassemblement, le concurrent de M. Souillot, Christian Grolier, représentant du courant « trotskiste », avait retiré sa candidature mercredi.
« Les combats qui nous attendent et l’espoir que nous devons donner aux salariés nécessitent l’unité la plus large possible », a justifié M. Grolier, dans un texte lu à la tribune.
– Bronca sur les 37,5 années de cotisation –
Le nouveau secrétaire général, Frédéric Souillot, est comme M. Veyrier issu du courant « réformiste » de FO, et a bénéficié comme lui du soutien d’une partie des « trotskistes » emmenés par Hubert Raguin.
M. Souillot devra mettre en œuvre la feuille de route de FO, axée notamment sur la défense de la « feuille de paie » et la lutte contre le projet de recul de l’âge de la retraite à 65 ans, porté par le président de la République Emmanuel Macron.
La revendication constante de FO ces dernières années était le retour à 60 ans et à 37 années et demi de cotisations.
La résolution adoptée vendredi affirme que le « blocage » des projets de recul de l’âge et d’allongement de la durée de cotisation « constituera une avancée pour revenir à la retraite à 60 ans à taux plein et dans la perspective du retour à 37,5 années de cotisation, en créant le rapport de force nécessaire quand les conditions seront réunies ».
Une formulation jugée trop molle par certains et qui a donné lieu à une des rares bronca de la salle, vendredi matin, lorsqu’Eric Lecourtois (Union départementale des Côtes-d’Armor) a porté un amendement demandant que FO continue de revendiquer clairement les 37 ans et demi.
M. Souillot devra aussi s’efforcer de faire progresser Force ouvrière par rapport aux autres centrales syndicales, alors que se tiennent des élections professionnelles dans la fonction publique à la fin de l’année.
Dans Le Monde dimanche, Yves Veyrier a affirmé que FO n’avait pas « vocation à rester sur la dernière marche du podium », derrière la CFDT et la CGT.
En 2018, le syndicat avait légèrement baissé dans le secteur public (-0,5 point à 18,1%), et en 2021, il est resté quasiment stable dans le secteur privé (-0,36 point à 15,24%).