L’EMPLOI CONTRACTUEL, UNE PARENTHÈSE PLUS OU MOINS ENCHANTÉE DANS LE PARCOURS DES AGENTS

Reconversion, transition ou véritable choix de carrière, l’emploi contractuel s’inscrit de façon variable dans les trajectoires professionnelles des agents. Il apparaît également comme une parenthèse plus ou moins longue dans leurs parcours, selon une enquête menée par la direction générale de l’administration et de la fonction publique.

Ces dernières années, le recours aux contractuels dans la fonction publique est devenu banal. Une situation qui, selon la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), auteure d’une étude sur le sujet, entraîne une dualisation du système de l’emploi public. Un “régime contractuel” se serait ainsi institué et obéirait à des logiques propres et encore méconnues. Faisons, tout d’abord, un état des lieux de la situation. En 2017, plus d’un agent de la fonction publique sur 5 est contractuel, soit 1,4 million d’agents, dont 26 % dans la territoriale, 23 % dans l’hospitalière et 20 % dans la fonction publique d’État.

L’étude de la DGAFP nous apprend que les différents statuts non permanents de la fonction publique présentent les mêmes fragilités que dans le privé, à savoir l’imprévisibilité des renouvellements, le cumul d’employeurs et la dépendance à leur égard. Mais autant dire que les contractuels de la fonction publique n’ont pas les mêmes contreparties en matière de primes de précarité ou encore de rémunération. Par ailleurs, “les questions de la cohabitation entre les différentes logiques de gestion des statuts et de leurs impacts sur les personnes aussi bien dans leur rapport au travail que dans l’appréhension de leur carrière se posent”, peut-on lire dans les résultats de l’étude. Dans ce contexte, la DGAFP a souhaité, à travers son enquête, comprendre comment ce statut d’emploi contratuel s’inscrivait dans les trajectoires professionnelles des agents.

Une voie d’accès vers un emploi de fonctionnaire

Il en ressort que l’emploi contractuel sert de tremplin dans le cadre d’une reconversion, notamment pour des agents venant du privé et qui souhaitent faire un premier pas dans le secteur public. Selon les résultats de l’enquête, dans la majorité des cas, l’emploi contractuel apparaît comme une véritable reconversion professionnelle au sens où l’accès à l’emploi public correspond aussi à un changement de métier. Il peut aussi s’agir d’un choix délibéré d’exercer son métier dans la fonction publique après l’avoir exercé dans le privé.

Parmi les éléments recherchés par les contractuels dans le cadre de leur emploi, on retrouve : la stabilité, un refuge après des expériences malheureuses dans le privé, une voie d’accès vers un emploi de fonctionnaire. L’enquête met aussi en avant que si la reconversion vers le secteur public est souvent contrainte, elle est perçue, après quelques années, comme une véritable reconversion, avec une réelle volonté de travailler pour le service public.

Dans un autre registre, l’emploi contractuel peut faire office de période de transition entre deux emplois hors fonction publique. “On observe, dans ces cas, des trajectoires qui se jouent des frontières entre statuts d’emploi, des trajectoires faites d’allers-retours fréquents entre le public et le privé”, peut-on lire dans l’étude. Dans ce contexte, l’emploi contractuel s’inscrit dans des trajectoires complexes, sur des emplois parfois très précaires à temps partiel et hiérarchiquement moins élevés que ceux des fonctionnaires. “L’emploi contractuel représente souvent l’expérience d’emploi la plus longue dans les trajectoires de ces enquêtés”, informe la DGAFP.

Enfin, l’emploi contractuel dans la fonction publique de l’État peut être le “support d’une carrière durable, voire représenter un statut pérenne”, indique l’étude. Dans ce contexte, l’analyse des carrières des cotisants à l’Ircantec – la caisse de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités publiques – fait apparaître qu’un tiers des contractuels de la génération née en 1953 ont effectué la majorité de leur carrière comme contractuels. “Les enquêtés manifestent en effet une forme d’acceptation contrainte de l’emploi contractuel, celui-ci apparaissant, pour la majorité des cas, comme la forme normale”, ajoute la DGAFP. Un groupe ne trouvant pas d’autre alternative que le statut de contractuel pour exercer son métier.