SAINT-ÉTIENNE : LES FOSSOYEURS EN GRÈVE EXIGENT DAVANTAGE DE RECONNAISSANCE

Les fossoyeurs de Saint-Étienne sont en grève illimitée depuis le 13 avril. Ils dénoncent la disparition d’une prime d’exhumation, noyée dans la rémunération, et exigent plus de reconnaissance face à la pénibilité de leur métier.

Ce sont des travailleurs de l’ombre, au métier largement méconnu. Lassés de ne pas être entendus, les fossoyeurs de Saint-Étienne, dans la Loire, se sont rassemblés le 26 avril sur les marches de l’Hôtel de Ville où ils ont déployé une banderole. En grève illimitée depuis le 13 avril à l’appel de deux organisations syndicales dont FO, ces agents territoriaux débrayent d’une à quelques heures chaque jour, pour tenir la mobilisation dans la durée. Une délégation a été reçue en mairie, mais les négociations sont au point mort, selon le syndicat FO.

Cela fait deux ans que le syndicat revendique une amélioration des conditions de travail et davantage de reconnaissance pour la vingtaine de fossoyeurs territoriaux que compte la commune. Ces derniers réalisent notamment près d’un millier d’exhumations par an dans les neuf cimetières stéphanois. Il s’agit d’extraire les cercueils et les restes de défunts au fur et à mesure des reprises administratives, lorsque les concessions sont arrivées à échéance, pour libérer des places en vue des prochaines inhumations. Une tâche difficile, tant sur le plan physique que psychologique.

La situation s’est encore durcie depuis l’application au 1er janvier 2023 dans la collectivité territoriale du régime indemnitaire, RIFSEEP. Jusqu’alors, les agents territoriaux percevaient, en plus de leur rémunération, une prime de 20 euros par exhumation, qu’ils partageaient entre les différents exécutants. Avec le RIFSEEP, cette prime d’exhumation a disparu. Grâce à la clause de sauvegarde, les fossoyeurs n’ont pas perdu d’argent, les primes et indemnités sont désormais intégrées à la rémunération. Mais cette prime actait une reconnaissance de la spécificité de leur métier, explique Olivier Karagueuzian, secrétaire général du syndicat FO3, qui représente les personnels territoriaux de la communauté de commune de Saint-Etienne.

ls revendiquent une augmentation de 120 euros par mois

Par ailleurs, selon le militant, à l’occasion de la mise en œuvre du nouveau régime indemnitaire, la majeure partie des personnels techniques de catégorie C de la Ville ont été augmentés, certains gagnant jusqu’à 60 euros de plus par mois. Pas les fossoyeurs, qui revendiquent une augmentation de 120 euros bruts par mois dans le cadre du régime indemnitaire, pour compenser notamment la pénibilité de leur métier.

Le syndicat FO exige aussi de meilleures conditions de travail. Des engins ont bien été achetés pour soulager les agents. Mais les cimetières sont situés sur des collines, et ces machines ne peuvent pas accéder à toutes les parcelles. Parfois tout le travail doit se faire à la main, poursuit Olivier Karagueuzian, qui demande la mise en place d’un protocole, pour que chaque acte soit encadré. Les fossoyeurs dénoncent aussi le non-remplacement des agents en arrêts de travail, dont certains de longue durée, et les agents partis en retraite.

Ces agents territoriaux revendiquent par ailleurs de meilleures conditions sanitaires. Après une exhumation, ils devraient pouvoir prendre une douche sur place avant de reprendre leur véhicule, mais ce n’est pas possible dans tous les cimetières. Parfois, ils enlèvent juste leur combinaison jetable en papier. Ils n’ont pas non plus de pédiluve pour nettoyer leurs chaussures. Nous avons de nouveau saisi le comité social territorial, alerte le militant FO.

Il y a désormais plus de 8500 exhumations en retard dans les cimetières stéphanois. La grève n’a en revanche pas d’impact sur les inhumations, ces dernières étant réalisées par les entreprises de pompes funèbres.

InFO militante
par Clarisse Josselin, L’Info Militante