PÉNIBILITÉ : CES AGENTS EN FIN DE CARRIÈRE QUI PARTENT AVANT LA RETRAITE
Selon une étude de France stratégie, publiée le 20 avril, près de 30 % des salariés qui finissent leur carrière ne sont ni à la retraite ni en emploi, mais au chômage, malades ou inactifs. Dans la territoriale, ces fins de carrière problématiques touchent particulièrement les animateurs et les agents d’entretien.
La séquence sur la réforme des retraites a mis en lumière que nombre de seniors ne travaillent déjà plus au moment de faire valoir leurs droits. Nul n’ignore plus aujourd’hui que les trois quarts des 50-55 ans ont un emploi, mais seulement un tiers des 60-64 ans. Ce qui signifie que certains seniors terminent leur vie professionnelle en n’étant ni en emploi ni à la retraite.
Combien sont concernés ? Quelle est leur situation à ce moment-là ? Pourquoi ? Quels sont les métiers concernés ? Une note de France stratégie publiée le 20 avril répond à ces questions.
Animateurs et agents d’entretien
Il en ressort que plusieurs métiers de la fonction publique territoriale sont particulièrement concernés par ces sorties précoces de l’emploi, notamment les animateurs et les agents d’entretien. Dans d’autres métiers, au contraire, il y a peu de départs précoces : cadres A, professions intermédiaires de la fonction publique.
Chaque année, tous métiers confondus, 29 % des départs en fin de carrière se font hors retraite ou pré-retraite. Ces personnes sont soit au chômage (4 %), soit en longue maladie ou en invalidité (10 %), soit en inactivité (15 % ; parce qu’elles ont renoncé à chercher un emploi ou ne sont pas disponibles).
Parmi les métiers les plus concernés par des sorties précoces de l’emploi, on trouve les ouvriers manutentionnaires et du BTP, les employés de l’hôtellerie-restauration, les caissières, mais aussi les « professionnels de l’action culturelle, sportives et les surveillants » (dont les animateurs) ainsi que les agents d’entretien, qui travaillent principalement dans les écoles et les communes.
Pénibilité
Les fins de carrière précoces concernent quatre professionnels de l’action culturelle sur dix : 20 % parce qu’ils sont en inactivité ; 12 % pour des raisons de santé et 8 % parce qu’ils sont au chômage. Pourquoi les animateurs et cette famille de métiers sortent-ils si tôt de l’emploi ?
Les auteurs de l’étude ne répondent pas directement à la question, en revanche, ils notent que ces métiers font partie de ceux qui « mettent davantage en avant des conditions de travail insatisfaisantes ou des problèmes de santé comme facteurs importants de départ à la retraite ». Ainsi, les personnes qui exercent ces métiers déclarent souvent qu’elles ne se sentent pas capables de les exercer jusqu’à la retraite.
Départ précoce et difficulté de recrutement
S’agissant des agents d’entretien, les auteurs notent seulement que 39 % connaissent une fin de carrière précoce, en général pour des raisons de santé ou parce qu’en inactivité. Les auteurs ont également eu l’idée de croiser les métiers qui combinent départs précoces, conditions de travail contraignantes et tension sur le recrutement.
Les agents d’entretien cochent les trois cases. « Pour que ces professionnels retardent l’âge de la liquidation de leur pension de retraite et contribuent ainsi à augmenter le taux d’emploi et à réduire les difficultés d’embauche, il faudrait aussi améliorer les conditions de travail -voire de salaire- et prévenir l’usure professionnelle (réorganisation des horaires de travail, du processus de production, etc.) », concluent les auteurs.
Augmentation des soins de santé
La période d’étude de la note de France stratégie couvre la réforme de 2010 relevant l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Celle-ci « a conduit à une forte hausse du taux d’emploi des 55-64 ans, mais […] s’est aussi traduite par une augmentation du non-emploi (chômage, invalidité) », relèvent les auteurs. Les moins qualifiés sont les plus concernés.
Autre conséquence de la réforme de 2010 : une augmentation de la probabilité d’avoir un arrêt maladie pour les individus proches de la retraite « avec un impact non négligeable sur la consommation de soins de santé », relèvent les auteurs. Explication : « les personnes qui soufrent de problèmes psychologiques ou physiques – et qui s’en accommodaient du mieux qu’elles pouvaient, notamment lorsqu’elles étaient proches de la retraite – décideraient de se faire soigner, sachant qu’elles devront travailler plus longtemps ».
Publié le 02/05/2023
Par Emmanuel Franck
dans : lagazettedescommunes.com