PERSONNEL SPÉCIALISÉ EN MATERNELLE (ATSEM) : UNE PROFESSION À MÉNAGER
Particulièrement touchés par les troubles musculo-squelettiques (TMS) et l’usure professionnelle, les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) font l’objet d’une attention toute particulière notamment en matière de prévention.
Les missions des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) ont été actualisées par un décret du 1er mars 2018 à la suite d’une concertation menée à partir d’un rapport des inspections générales de l’administration (IGA) et de l’Éducation nationale en association avec l’association des Maires de France (AMF) et les représentants du personnel. Un rapport qui mettait notamment en avant la nécessité de revaloriser les salaires et les carrières de ces agents, mais aussi de reconnaître la pénibilité de leur métier.
Le texte a permis aux ATSEM d’accéder au cadre d’emplois supérieur en catégorie C d’agent de maîtrise par le biais de la promotion interne, lié à l’ajout dans leurs missions d’une fonction de coordination et d’animateur territorial en catégorie B par concours interne. Par ailleurs, ces professionnels ont bénéficié au 1er janvier 2022, au même titre que tous les agents de la catégorie C de la fonction publique, d’une bonification d’ancienneté exceptionnelle d’un an ainsi que d’une augmentation de 3,5 % de la valeur du point d’indice.
Une nécessité urgente pour une catégorie professionnelle particulièrement touchée par les troubles musculo-squelettiques, notamment. C’est d’ailleurs ce que met en avant la CNRACL, caisse de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers, qui vient de publier une étude sur la perception qu’ont les ATSEM de l’impact du travail sur leur santé. Il en ressort que 62 % des agents interrogés estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé physique et psychologique quand plus de la moitié disent commencer leur journée en étant épuisés. L’étude révèle également que l’impact négatif du travail des ATSEM sur la santé se renforce à mesure que l’ancienneté dans le métier augmente et en particulier au-delà de 5 ans. Pour une répondante sur 2, cela se matérialise par une dégradation de la qualité de sommeil en lien avec le travail.
Impacts physique et psychologique
82 % des professionnelles perçoivent leur activité plus anxiogène depuis la crise sanitaire. L’immense majorité reconnaît avoir déjà ressenti des douleurs en lien avec leur activité et environ 1 répondante sur 3 déclare avoir eu un arrêt maladie pour un motif en lien avec le travail au cours de l’année scolaire. Pour la plupart, ces douleurs ressenties persistent en dehors du temps de travail, et impactent également négativement la sphère privée. Pour autant, le taux d’absentéisme ne s’élève qu’à 4,7 %, inférieur à celui de l’ensemble de la fonction publique territoriale qui atteint 5,3 %. Parmi les autres enseignements relevés par l’étude, le nombre d’accidents de service s’établit à 5,4 pour 100 ATSEM avec un taux d’absentéisme en lien de 0,6. Par ailleurs, une répondante sur 5 fait l’objet de restriction d’aptitude, si bien que près d’une ATSEM sur 2 envisage une mobilité en vue d’exercer un métier moins pénible.
Conscientes de ces enjeux, les collectivités sont nombreuses à prendre le problème à bras-le-corps à l’image de la ville de Grenoble qui, à la suite d’un appel à projet lancé par le Fonds national de prévention, a notamment élaboré un « cahier de bonnes pratiques » afin de prévenir les risques professionnels liés au métier. Un métier de passion, comme le rappelle la collectivité, mais qui demande « énormément d’énergie et d’implication. Les contraintes physiques liées à ces métiers peuvent engendrer des risques de blessures. »« Nous observions chez nos ATSEM beaucoup de troubles musculosquelettiques surtout passé un certain âge, confirme Christine Garnier, adjointe en charge des écoles à la mairie de Grenoble. Il est nécessaire de leur donner des outils professionnels mais aussi des formations pour les accompagner dans le développement de leurs compétences. »
La collectivité a donc travaillé sur la fourniture de mobiliers adaptés et sur un programme de formation avec l’ambition d’améliorer les conditions de travail de ces agents. « J’ai participé au projet tout d’abord en remplissant un questionnaire qui était très détaillé sur nos conditions de travail, les difficultés qu’on rencontrait, mais aussi sur les points positifs, témoigne Anne Jourdan, ATSEM au sein de l’école Jules Ferry de Grenoble. Nous avons reçu des équipements spécifiques notamment pour les ATSEM qui travaillent avec les toutes petites sections. » Les professionnels ont également bénéficié de temps de rencontres entre collègues pour échanger sur leurs pratiques qui ont mené à la mise en place d’analyses de la pratique encadrées par des psychologues du travail. « Cela nous permet d’échanger sur nos difficultés, mais aussi sur ce qui va bien, ajoute Anne Jourdan. C’est un moment convivial qui nous apporte beaucoup au niveau relationnel, qui nous soutient et nous remotive. »