DANS LES COLLECTIVITÉS, UN ABSENTÉISME PRINCIPALEMENT LIÉ À L’USURE PROFESSIONNELLE

Les arrêts pour maladie ordinaire et accidents du travail ont progressé de 9 % en 2022 dans les collectivités territoriales, selon le dernier baromètre réalisé par WTW et la CNRACL. Si les situations sont très contrastées d’un secteur d’activité à l’autre, l’usure professionnelle reste l’une des principales explications du phénomène.

Le sujet de l’absentéisme est au cœur de l’actualité de ces dernières semaines. Les déclarations de Gabriel Attal, ministre chargé des Comptes publics, autour de l’explosion des arrêts maladie ont ainsi fait grand bruit. Auditionné au Sénat le 14 juin dernier sur le projet de loi d’approbation des comptes de la Sécurité sociale pour l’année 2022, il a notamment épinglé “l’augmentation extrêmement importante” des dépenses liées aux indemnités journalières. Un sujet sur lequel le ministre a promis de revenir. Ses propos interviennent dans un contexte où les arrêts maladie au sein de l’ensemble de la population active, bien qu’avec des durées plus courtes, n’ont jamais été aussi nombreux.

Mais qu’en est-il dans les collectivités territoriales ? Les chiffres ne sont pas meilleurs, à en croire le dernier baromètre publié par WTW France et la CNRACL, la caisse de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers. Une étude qui s’appuie sur les données collectées en maladie ordinaire et accidents de travail déclarés par les collectivités sur un panel de près de 11 000 structures employant au total 273 000 agents affiliés à la CNRACL. Il en ressort que l’absentéisme pour maladie ordinaire et accident de travail a progressé de 9 % en 2022.

Depuis plusieurs années, les collectivités sont confrontées à cette tendance et ont du mal à endiguer cette progression.Dans le détail, le taux d’absentéisme en maladie ordinaire, qui correspond au congé octroyé pour une maladie qui ne présente pas de “gravité particulière” d’une durée d’un an maximum, dont trois mois indemnisés à 100 % et neuf mois à 50 %, s’élève à 4,52 %. Une hausse de 12 % par rapport à l’année dernière. Les auteurs du baromètre interpellent sur le fait que l’augmentation cumulée depuis 2016 dépasse les 28 %.

Des arrêts de plus courte durée

On apprend, par ailleurs, que près d’1 agent sur 2 s’est absenté au moins une fois dans l’année, un chiffre en hausse de 29 % par rapport à 2021, mais pour des durées plus courtes. Ainsi, près de 46 % des arrêts durent entre 4 et 10 jours, alors que ces durées représentaient 30 % des arrêts en 2021. Les arrêts maladie d’une semaine sont prédominants, un phénomène que l’on peut notamment rattacher aux différentes vagues de Covid qui ont marqué l’année 2022.

Le taux d’absentéisme pour accident du travail s’établit à 1,31 %, sans amélioration sur quatre ans. Les accidents de service, quant à eux, représentent 77 % des sinistres. Si leur gravité augmente, selon les résultats du baromètre, ils sont en revanche moins fréquents et touchent moins d’agents. On remarque aussi que les situations sont contrastées d’un secteur d’activité à l’autre. Logiquement, les secteurs où les expositions aux contraintes et risques physiques sont importantes sont particulièrement touchés.

Les accidents de trajet, qui étaient en hausse avant la crise sanitaire, restent à un niveau stable depuis trois ans et représentent 11 % des sinistres. Les activités les plus exposées aux accidents de trajet sont les activités à horaires fractionnés, comme dans la restauration collective. Cette année, le baromètre a été complété par une enquête réalisée auprès de 120 structures publiques. Pour 60 % des personnes interrogées, la principale cause d’absence est liée à l’usure professionnelle et 45 % d’entre elles citent le manque de motivation et d’engagement des agents.

Les répondants mettent également en avant leurs difficultés à endiguer la progression de l’absentéisme. Ainsi, 70 % d’entre eux reconnaissent qu’ils manquent de ressources en interne ou de temps pour agir. Ils sont 20 % à dire ne pas disposer d’outils d’analyse. Pour autant, 65 % des structures interrogées semblent avoir conscience du problème et envisagent de poursuivre leurs efforts dans les prochaines années pour déployer des mesures en faveur de la qualité de vie au travail, ainsi que des actions de prévention des risques psychosociaux et physiques.

par Marie Malaterre
7 juillet 2023
acteurspublics.fr

Photo : Pexels