FONCTION PUBLIQUE : DES PROPOSITIONS POUR DÉPOUSSIÉRER LES CONCOURS
Un manifeste élaboré par la plateforme Profil public, en partenariat avec l’association la Cordée, met en avant 20 pistes pour moderniser les concours de la fonction publique. Particulièrement concrètes, elles ont été formulées à partir de témoignages de jeunes candidats ou en emploi dans la fonction publique.
« Contenus trop académiques », « formats peu adaptés à l’évaluation des compétences de demain », « système déconnecté des nouvelles aspirations des candidats »… Qu’ils soient étudiants ou en activité dans la fonction publique, les jeunes ne sont pas indifférents au sujet des concours qui permettent d’y accéder. Un « manifeste », qui sera publié ce 7 mai par la plateforme Profil public, leur donne la parole. Conclusion : ils dressent un constat assez sévère.
D’abord, se renseigner sur les concours fait figure de vrai « casse-tête », selon les jeunes interviewés. En outre, initialement pensés pour favoriser l’égal accès aux emplois publics, ce mode de recrutement n’aurait pas vraiment atteint son objectif. Ils ne permettraient pas de lutter efficacement contre « les déterminismes sociaux », notamment parce que les candidats ne disposent pas de moyens de préparation égaux.
Coaching, jurys plus divers…
Les épreuves sont également très critiquées : leur format favoriserait la réussite des « profils très académiques » et leur contenu serait insuffisamment lié aux compétences recherchées par les employeurs. Autre problème : les modalités de leur organisation (des concours parfois peu fréquents qui se déroulent dans seulement quelques lieux en France) et l’investissement qu’ils nécessitent (des temps de révision très longs) sont vus comme « des freins ».
Pour « redonner du sens et du souffle » à ce mode de sélection, le manifeste avance 20 propositions. Maître mot : le pragmatisme. L’information sur les concours doit être plus accessible ? Il faut donc aller au-devant des jeunes sur les réseaux sociaux et valoriser les retours d’expérience concrets (vidéos, webconférences…), estiment les auteurs du manifeste. L’égalité des chances n’est pas réelle : pour la faire progresser, il conviendrait de développer le coaching, dispositif expérimenté par la Cordée, qui met en relation un candidat avec un agent public pour la préparation d’un examen, ou la découverte de métiers. La diversité de la fonction publique serait facilitée si les jurys étaient plus représentatifs, est-il aussi souligné.
Des épreuves plus adaptées
Afin qu’il soit plus facile pour les candidats de concilier la préparation des concours et leur vie personnelle, il est préconisé de « condenser le calendrier » des épreuves et d’insérer l’option de préparation des concours dans les cursus universitaires (alors qu’aujourd’hui cette préparation représente une année d’études supplémentaire).
Le manifeste propose, par ailleurs, de moderniser les épreuves. À l’écrit, elles seraient adaptées aux profils recherchés, avec par exemple un hackathon – c’est-à-dire un « marathon de programmation » – pour les « profils tech ». À l’oral, une séquence de jeu permettrait au jury de mieux connaître la personnalité du candidat. Dans le même objectif, il est recommandé de généraliser les tests psychotechniques.
Perte d’attractivité
Ces propositions sont rendues publiques alors que le ministre chargé de la fonction publique a annoncé qu’il présentera à la rentrée un projet de loi « pour l’efficacité de la fonction publique », dont un volet traitera de la rénovation de l’accès à la fonction publique. En avril, Stanislas Guerini avait mis plusieurs pistes sur la table (voir notre article) : professionnalisation des épreuves, harmonisation des concours sur titres entre versants, meilleure prise en compte « des parcours mixtes dans le privé et dans le public » pour l’accès aux « troisièmes concours » (qui s’adressent aux candidats ayant exercé une activité)…
Selon le ministère chargé de la fonction publique, les concours d’accès aux emplois publics ont connu « une perte d’attractivité ». Le taux de sélectivité aux concours de l’État a été divisé par 2,2 entre 2007 et 2021 pour les concours externes et par 1,8 pour les troisièmes concours. « La même tendance à la baisse du nombre de candidats » serait constatée « dans chacun des versants de la fonction publique ».