FONCTION PUBLIQUE : LE GOUVERNEMENT MAINTIENT LE CAP DE SA RÉFORME
Licenciements facilités, suppression des catégories, rémunération au mérite… Sur Public Sénat, ce mardi 14 mai, le ministre Stanislas Guerini a confirmé plusieurs pistes de réforme vivement critiquées par les syndicats. « Je préfère que l’on s’engueule un peu au début, qu’on se dise les choses, puis qu’on avance », a-t-il assumé.
Le ministre Stanislas Guerini le martèle malgré les réticences syndicales : il veut bousculer les « règles du jeu » de la gestion des agents publics dans le cadre de la nouvelle réforme de la fonction publique que le gouvernement Attal compte présenter à l’automne. Une réforme qui, pour rappel, vise à rendre la fonction publique « plus attractive » et « plus moderne ». « Si on veut garder une grande ambition pour la fonction publique et un statut qui la distingue du privé, alors il faut avoir le courage de moderniser ce statut », a-t-il souligné ce mardi 14 mai sur Public Sénat. Un entretien au cours duquel il a donc confirmé plusieurs pistes de réforme vivement critiquées par les organisations syndicales dont celle visant à faciliter les licenciements pour insuffisance professionnelle.
Mi-avril, Stanislas Guerini avait déjà dit sa volonté de « lever le tabou du licenciement »dans la fonction publique. Des propos qui avaient alors suscité l’ire des syndicats. « J’assume ce que j’ai dit, affirme aujourd’hui le ministre. Je crois qu’il ne doit pas y avoir de tabou sur ces sujets-là, le respect pour les organisations syndicales c’est de ne pas avoir de projet caché, c’est de mettre les sujets sur la table ». « Je préfère que l’on s’engueule un peu au début, qu’on se dise les choses, puis qu’on avance », a-t-il ensuite ajouté. Pas sûr néanmoins que cela suffise à calmer la colère des syndicats.
« Améliorer » les « choses » sur le licenciement
Stanislas Guerini a malgré tout tenté de tempérer : « Ce n’est pas l’emploi à vie que je remets en cause. Il n’y a pas de licenciement économique dans la fonction publique et, ça, je propose de le garder ». Mais, a-t-il nuancé, « le statut n’a jamais dit qu’on ne pouvait pas licencier un agent qui ne fait pas son travail ». D’où sa volonté d’« améliorer » des « choses » sur ce licenciement pour insuffisance professionnelle. Un outil qui, selon l’exécutif, est très mal défini et peu appliqué.
Sur Public Sénat, le ministre est également revenu sur son souhait de développer la rémunération au mérite dans la fonction publique. Une piste elle aussi critiquée par les syndicats pour qui l’urgence est davantage celle d’une hausse générale des rémunérations des agents publics. Il faut, a expliqué Stanislas Guerini, « mieux récompenser ceux qui s’engagent, ceux qui travaillent, ceux qui mouillent la chemise » avec des critères « définis au plus près du terrain ».
« Ce n’est pas au ministre de définir le même indicateur pour toute la fonction publique, il faut laisser la main aux employeurs et leur donner des marges de manœuvre », a-t-il indiqué en réaffirmant son intention de « créer des plans d’intéressement collectifs pour mieux récompenser les collectifs de travail ». « C’est un outil qui nous manque aujourd’hui, a-t-il estimé. Quand j’entends que l’on ne peut pas mesurer la performance dans le secteur public, c’est un manque d’ambition pour le service public, on peut mesurer beaucoup de choses notamment en matière de qualité du service rendu au public ».
Suppression des catégories « sur la table »
Autre proposition polémique de taille évoquée par Stanislas Guerini sur Public Sénat : la remise en cause de l’organisation de la fonction publique par catégories (A, B et C). Il a ainsi confirmé être favorable à la suppression de ces catégories : « C’est une question qu’il faut mettre sur la table, j’y suis prêt ».
À ses yeux, les catégories « enferment » aujourd’hui « souvent les agents » et « créent des plafonds de verre qu’il est très difficile de casser ». Aussi, le ministre souhaite « introduire davantage l’idée de métiers et de compétences pour avoir des outils qui permettent de mieux valoriser la formation et les acquis de l’expérience pour évoluer plus rapidement et plus facilement ».
« En un mot, il faut que l’on puisse casser les plafonds de verre », a développé Stanislas Guerini qui a profité de son passage sur Public Sénat pour pointer de nouveau du doigt cette organisation par catégories. Une organisation qu’il souhaite remplacer par un système fondé sur des filières professionnelles. Les syndicats, quant à eux, voient dans cette remise en cause des catégories une atteinte au statut et à la fonction publique de carrière.