POUR SES DÉBUTS À LA FONCTION PUBLIQUE, GUILLAUME KASBARIAN PROMET DE « DÉBUREAUCRATISER »

« Débureaucratiser à tous les étages » : le nouveau ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique, Guillaume Kasbarian, a signé ce lundi 23 septembre une entrée en matière tonitruante, suscitant d’emblée la méfiance des syndicats.

« Nous devons libérer les Français du poids des démarches administratives, et donc débureaucratiser à tous les étage », a estimé Guillaume Kasbarian, ancien ministre du Logement, à l’occasion de la cérémonie de passation de pouvoirs avec son prédécesseur Stanislas Guerini, dont l’intitulé du portefeuille ne comprenait pas la simplification.

Revendiquant son « attachement », dans ses précédentes fonctions, à l’article 17 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui fait de la propriété privée un droit « inviolable et sacré », Guillaume Kasbarian a repris lundi à son compte l’article 15, selon lequel « la société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration. » Un choix qui n’est pas du goût de Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques. « On ne peut pas opposer les usagers » des services publics aux 5,7 millions d’agents publics, « ça n’a jamais marché comme ça », a-t-elle fait valoir.

La « simplification » prônée « ne doit jamais se faire au détriment de la qualité du service public », a insisté Guillaume Kasbarian, assurant se fixer pour objectif de « faciliter la vie des Français et des agents publics ». « Je suis convaincu que nous allons réussir, grâce au remarquable travail que réalisent chaque jour les agents publics de ce ministère et de toutes les administrations de France », a-t-il poursuivi.

En tant que député (Ensemble) d’Eure-et-Loir et habitant d' »un petit village rural près de Chartres », « j’écoute les Français qui viennent à ma permanence ou qui m’interpellent sur le terrain », a-t-il développé. « Ceux qui se sentent parfois éloignés des services publics. Ceux qui ne savent pas toujours comment effectuer une démarche administrative. Ceux qui ont dans certains cas l’impression d’être enfermés dans un labyrinthe bureaucratique », a-t-il énuméré. « Une souffrance partagée par de nombreux agents, qui peuvent avoir l’impression d’être seuls ou de passer plus de temps à remplir des formulaires qu’à exercer leur métier de coeur. C’est pour cette raison que la simplification et la transformation de l’action publique ont toute leur place dans ce ministère », a soutenu Guillaume Kasbarian.

Dans un communiqué publié dès dimanche, le syndicat Solidaires Fonction publique s’était inquiété de l’ajout du mot « Simplification » à l’intitulé du ministère. « Chacun sait que le terme correspond à la volonté de réduire le nombre de fonctionnaires et de dégrader la qualité du service public », s’était indigné le sixième syndicat de fonctionnaires. Secrétaire général de l’Unsa-FP (quatrième syndicat), Luc Farré a pour sa part noté auprès de l’AFP que dans l’intitulé du portefeuille de Guillaume Kasbarian, les mots « fonction publique » apparaissaient avant « simplification et transformation de l’action publique », un signal selon lui positif.

Le ministre a salué dans son discours la réforme « ambitieuse » de la fonction publique préparée par son prédécesseur, sans préciser le sort qu’il lui réserverait (voir encadré ci-dessous).. Gelé par la dissolution de l’Assemblée nationale, ce projet de loi décrié par les syndicats de fonctionnaires prévoyait notamment d’accentuer la rémunération au mérite, de faciliter les licenciements, voire de supprimer les catégories (A, B et C) de la fonction publique.

Dans son discours de passation, Stanislas Guerini a réaffirmé lundi qu’il « (fallait) faire plus de place à la reconnaissance du mérite dans la fonction publique ». « Être ministre de la Fonction publique, ça a été l’honneur d’une vie », a insisté l’ancien ministre après plus de deux ans passés au ministère.

L’augmentation des salaires et la suspension de la réforme des retraites, réclamées à l’unisson par les huit syndicats représentatifs dans une récente lettre au Premier ministre, Michel Barnier, n’ont pas été abordées directement lundi, même si Guillaume Kasbarian a salué l’action de son prédécesseur « pour améliorer la rémunération des fonctionnaires ».

› Quel sort pour le projet de loi Guerini ?

Certains représentants des organisations syndicales rapportent que selon leurs interlocuteurs du côté de l’administration centrale, le projet de loi serait « enterré ». Ce qui n’empêche pas la possible préparation d’un texte, a minima parce que certaines mesures déjà actées en faveur des agents (on songe notamment à celles sur la prévention de l’usure professionnelle en traduction des propositions du rapport Hiriart suite à la réforme des retraites et à celles traduisant l’accord collectif sur la prévoyance dans la fonction publique territoriale) exigent un véhicule législatif. Certes, ces mesures pourraient aussi passer par un autre vecteur qu’un projet de loi dédié à la fonction publique. En tout cas, le gouvernement aurait suffisamment de matière pour un projet de loi fonction publique, même expurgé de ses aspects polémiques.
T. Beurey


dans  LOCALTIS