SUPPRESSION DE POSTES, RÉMUNÉRATION, RÉFORME … LA FONCTION PUBLIQUE DANS LE FLOU

Le gouvernement Barnier refuse toujours de donner un chiffrage des postes de fonctionnaires qui pourraient être supprimés et concernés par le non-remplacement de départs à la retraite. L’exécutif reste tout aussi évasif sur la question salariale et sur le sort qu’il compte réserver à la réforme de la fonction publique préparée par Stanislas Guerini.

À quelle sauce la fonction publique va-t-elle être mangée ? À trois jours de la présentation du budget 2025, le flou demeure en effet toujours sur les intentions du gouvernement quant aux économies qu’il souhaite réaliser dans le secteur public et notamment sur la baisse des effectifs qui vient d’être annoncée par le Premier ministre, Michel Barnier.

Sur France 2, jeudi 3 octobre, ce dernier a effectivement dit vouloir “fusionner des services publics” et “ne pas remplacer tous les fonctionnaires qui partent à la retraite”. Une piste d’économies vivement critiquée par les syndicats, prompts à dénoncer de “vieilles recettes” et le retour d’une “politique du rabot”. 

Reste encore à savoir quels secteurs seront concernés par ces suppressions de postes et à connaître l’ampleur de celles-ci. Pour le moment, le gouvernement se refuse à donner un chiffrage précis des baisses d’effectifs envisagées. “Il n’y aura pas de coup de rabot”, a cherché à temporiser Michel Barnier dans La Tribune Dimanche, sans plus de précision sur le nombre de postes qui pourraient être supprimés dans la fonction publique.

Non-remplacements, outils numériques, IA… 

Son ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique, Guillaume Kasbarian, n’a pas été beaucoup plus loquace. “Je ne donnerai pas de chiffres, a-t-il déclaré sur BFM TV vendredi 4 octobre, en renvoyant au débat parlementaire sur le projet de loi de finances pour 2025. Le nombre de postes concernés dépendra de ce que l’on arrivera à faire en termes de simplification, de débureaucratisation, de suppression de doublons et de numérisation.” 

Le ministre dit ainsi soutenir “l’objectif de faire plus pour le service public avec parfois moins de moyens”, grâce à des non-remplacements de départs à la retraite sur un certain nombre de fonctions support ou de fonctions “qui ne sont pas en contact direct avec le citoyen ou l’usager”. Pour Guillaume Kasbarian, l’objectif reste néanmoins “de continuer d’avoir des services publics forts sur terrain” en matière de police, de gendarmerie, d’éducation ou de santé.

“Mais vous avez toute la partie administrative, la partie haute fonction publique, la partie de certaines administrations qui mériteraient peut-être d’être fusionnées, d’être repensées, d’être parfois digitalisées avec de nouveaux outils numériques ou l’intelligence artificielle”, a poursuivi Guillaume Kasbarian, sans donner donc, lui non plus, de précisions sur les secteurs potentiellement concernés.

Silence sur le point d’indice, mystère sur la réforme 

Le sujet des suppressions de postes n’est pas la seule question sur laquelle le flou demeure. Le gouvernement Barnier reste en effet tout aussi évasif sur la problématique salariale, puisqu’il n’a pas encore donné de réponse à la demande syndicale d’une hausse du point d’indice de la fonction publique.

Guillaume Kasbarian reste lui aussi encore très flou sur le sort qu’il compte réserver à la réforme, très critiquée, de la fonction publique préparée par son prédécesseur, Stanislas Guerini, qui prévoyait notamment un développement de la rémunération au mérite, l’assouplissement des modalités de licenciement pour insuffisance professionnelle ou encore la constitution probable de filières professionnelles en lieu et place des actuelles catégories A, B et C de la fonction publique. Interrogé par les syndicats lors de rencontres bilatérales, le ministre aurait indiqué que ce projet de réforme n’était “ni abandonné ni conservé” à ce stade. De quoi rajouter donc encore un peu plus de brouillard autour de la fonction publique.

“Le ministre nous a répondu qu’il n’avait pas pris de décision sur le sujet et qu’il attendait de finir ses consultations des syndicats [qui se terminent ce lundi 7 octobre, ndlr]”,relate Christian Grolier, de Force ouvrière, pour qui l’abandon de ce projet de réforme “est essentiel pour démarrer un dialogue de confiance”. Reste que l’annonce de suppressions de postes a jeté un pavé dans la mare et risque de tendre les relations à peine ébauchées entre les syndicats et le gouvernement Barnier.