FONCTION PUBLIQUE : L’UNITÉ SYNDICALE À L’ÉPREUVE
Réunis en intersyndicale mardi 12 novembre, les 8 syndicats de la fonction publique ne sont pas encore parvenus à s’entendre sur les contours d’une mobilisation et d’un éventuel appel à la grève. Ils se reverront jeudi pour confirmer une date de mobilisation unitaire… ou non.
Y aura-t-il une mobilisation unitaire des syndicats du secteur public ? Pour le savoir, il va falloir attendre encore un peu, l’unité syndicale étant mise à l’épreuve. Réunies mardi 12 novembre en intersyndicale, les 8 organisations syndicales représentatives de la fonction publique ne sont en effet pas parvenues à dégager une position commune sur les contours d’une mobilisation et d’un éventuel appel à la grève dans les prochaines semaines. Rendez-vous a donc de nouveau été pris pour un nouvel échange intersyndical, jeudi 14 novembre.
Pour le moment, les représentants du personnel n’ont réussi à s’entendre ni sur les modalités ni sur le calendrier d’une telle mobilisation, dont l’idée a été mise sur la table après la réunion qui s’est tenue jeudi 7 novembre entre les syndicats et le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian.
Plusieurs formes d’action évoquées
Lors de cette réunion, ce dernier a notamment confirmé le gel des salaires cette année, la non-reconduction de la prime de pouvoir d’achat des agents publics (la Gipa) ou encore la volonté du gouvernement Barnier de relever de 1 à 3 le nombre de jours de carence dans le secteur public, mais aussi celle d’abaisser de 100 à 90 % le taux de remplacement de la rémunération des agents publics en arrêt maladie de courte durée. Autant d’annonces qui ont tendu le climat social dans la fonction publique et poussé plusieurs syndicats à lancer des appels à la mobilisation. Parmi ceux-ci, la CGT, FO ou Solidaires, cette dernière affirmant notamment porter “l’organisation et la construction d’une journée de grève dans l’unité la plus large dans les prochaines semaines”.
Mais “à ce stade, c’est statu quo”au niveau intersyndical, a expliqué Christian Grolier, de FO Fonctionnaires, à l’issue de la réunion intersyndicale mardi, en se disant prêt à engager un rapport de force avec l’exécutif. Il a ainsi indiqué que son syndicat maintiendrait son “appel à 3 jours de grève consécutifs et reconductibles”. “On va prendre le jeu du ministre : trois jours de carence, trois jours de grève !” avait lancé ce syndicaliste à l’issue de la rencontre multilatérale avec Guillaume Kasbarian.
“D’autres organisations syndicales veulent faire une journée d’action, d’autres une seule journée de grève”, ajoute Christian Grolier. À ses yeux néanmoins, une journée d’action de 24 heures ne changera rien. Et, poursuit le même leader syndical, “si la mobilisation intersyndicale ne peut se faire, ce que nous regretterions, nous nous inscrirons dans une convergence des luttes avec nos camarades cheminots”. Les syndicats de la SNCF ont appelé de leur côté à une grève illimitée à partir du 11 décembre pour s’opposer au démantèlement du fret SNCF et à l’ouverture à la concurrence.
Préavis de grève
Si les organisations syndicales poursuivent leurs consultations en interne sur les modalités de leur éventuelle mobilisation, la coordinatrice de la CGT Fonction publique, Sylviane Brousse, l’assure : la nouvelle réunion intersyndicale de jeudi doit permettre de “définir la date commune d’une mobilisation pouvant aller jusqu’à la grève”. Son syndicat vient d’ailleurs de déposer un préavis de grève pour la période allant du 18 novembre au 31 décembre afin de dénoncer une “entreprise de liquidation de la fonction publique et de ses agents”.
“Il est certain que l’on y décidera d’une grève”, abonde Benoit Teste, de la FSU. Reste “à voir qui en sera ou pas”, ajoute le syndicaliste pour qui il n’est “pas sûr que ce soit totalement unitaire ni le contraire non plus”. Son organisation s’est quant à elle déjà dite déterminée à “construire un rapport de force et une mobilisation forte, dans la durée”,durant les premières semaines de décembre.
Tous les regards sont désormais tournés vers les autres syndicats, qui n’ont pas formellement précisé leurs souhaits de mobilisation. La CFDT, notamment, n’exclut rien mais n’appelle pas pour le moment à la grève.
Propos ministériels critiqués
Du côté de la CFE-CGC, les consultations se poursuivent en interne “pour caler la date des mobilisations les plus larges possibles sous toutes leurs formes, y compris par la grève pour ceux qui le souhaitent”, explique son représentant, Stanislas Gaudon. “Nous ne resterons pas sans réagir”, affirme pour sa part la FA-FP, qui a déposé un préavis de grève pour tout le mois de novembre.
L’UNSA, quant à elle, a décidé d’appeler à une « journée de mobilisation et d’actions afin de défendre les agents publics injustement attaqués par leur gouvernement ». Le syndicat va ainsi déposer un préavis de grève « afin de couvrir tous les agents des trois versants » pour « le jour » de mobilisation qui pourrait être « décidé » lors de l’intersyndicale de ce jeudi 14 novembre.
Des tractations syndicales qui se poursuivent alors que Guillaume Kasbarian continue de tenir des propos critiqués par les syndicats. Dernier exemple en date : le ministre a félicité sur le réseau X, ce mercredi, le milliardaire américain Elon Musk, qui vient d’être nommé par Donald Trump à la tête d’un tout nouveau ministère “de l’Efficacité gouvernementale”, chargé notamment de “démanteler la bureaucratie gouvernementale” américaine. Dans son tweet, Guillaume Kasbarian écrit ainsi, en anglais, avoir “hâte de partager des bonnes pratiques” avec son holomogue américain. Une démarche qui a aussitôt suscité un flot de critiques, essentiellement de la gauche de l’échiquier politique.