GRÈVE DANS LA FONCTION PUBLIQUE : LES SYNDICATS FACE AU DÉFI DE MOBILISER LES FOULES
Malgré l’incertitude politique, les syndicats maintiennent leur appel à la mobilisation dans la fonction publique ce jeudi 5 décembre. Tout l’enjeu pour les représentants du personnel sera de réussir à mobiliser, alors que les derniers appels à la grève dans la fonction publique n’ont pas fait déplacer les foules. Cette journée constituera aussi un test pour l’unité syndicale.
L’heure de vérité approche pour les représentants du personnel du secteur public. Dans un contexte d’incertitude politique, 7 des 8 syndicats de la fonction publique (CGT, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) ont maintenu leur appel à la grève pour ce jeudi 5 décembre, malgré la censure et la chute très probables du gouvernement de Michel Barnier.
Tout l’enjeu pour ces organisations syndicales sera donc de réussir à mobiliser et à faire descendre les agents publics dans la rue. Un défi de taille, alors que la représentativité de ces syndicats et leur légitimité à porter les revendications du personnel sont régulièrement questionnées en raison des faibles taux de grévistes enregistrés lors des dernières journées de mobilisation, mais aussi de la baisse continue de la participation à chaque élection professionnelle.
Certes, une forte mobilisation est déjà annoncée par les syndicats de l’éducation nationale, la FSU prévoyant notamment 65 % de grévistes dans le premier degré. Le contexte politique pourrait toutefois démotiver certains agents publics. Ceux qui envisageaient, encore ces derniers jours, de se mettre en grève pourraient ainsi renoncer à le faire si le gouvernement Barnier tombait et, avec lui, les mesures sur la baisse de la rémunération des agents durant leurs arrêts maladie. Les syndicats n’ont en effet cessé de faire du retrait de ces mesures l’un des principaux mots d’ordre pour la journée de mobilisation du 5 décembre.
Une “forme de résignation”
Pour les organisations syndicales, l’appel à la grève a pourtant encore tout son sens, notamment pour réclamer de nouveau des mesures de revalorisation salariale pour les agents et davantage de moyens pour le secteur public, mais aussi pour se prémunir contre toute mauvaise nouvelle dans les semaines et mois qui viennent. “Nous ne savons pas de quoi demain sera fait”, résume notamment Benoit Teste, de la FSU.
Charge désormais aux syndicats de convaincre la base que la grève sera utile. Un vrai défi, comme l’explique le sociologue et historien spécialiste de l’éducation nationale Laurent Frajerman : “Actuellement, la grève est plus un moyen d’expression qu’un outil pensé comme capable de gagner. Ce qui crée un cercle vicieux : comment démontrer le contraire si les agents ne jettent pas toutes leurs forces dans la bataille ?”
Pour cet observateur des mouvements sociaux dans la fonction publique, toutefois, “les échecs passés ont nourri une forme de résignation qui est le principal obstacle à la conflictualité”. Ce qui peut expliquer pourquoi les derniers appels à la grève dans la fonction publique n’ont pas attiré les foules. Lors de la dernière journée de mobilisation, le 19 mars dernier, 6,42 % de grévistes avaient été recensés dans la fonction publique d’État, 3,87 % dans la territoriale et 3,5 % dans l’hospitalière. Des taux bien inférieurs à ceux enregistrés lors des journées de mobilisation contre la réforme des retraites, où 15 à 30 % de grévistes avaient pu être dénombrés selon les secteurs.
Unité syndicale à l’épreuve
Au-delà de l’enjeu de la mobilisation, cette journée de jeudi sera aussi un test pour l’unité syndicale. Quid en effet des suites que voudront y donner les syndicats ? Et si suites il y a, s’opèreront-elles de façon unitaire ? L’équation dépendra beaucoup, justement, de l’ampleur de la mobilisation.
Une question se posera en tout cas rapidement aux 7 syndicats qui appellent à la grève ce jeudi : rejoindront-ils l’appel à la mobilisation lancé par Force ouvrière (FO) à compter du 10 décembre pour 3 journées de grève reconductibles, dans une logique de “convergence des luttes avec les cheminots”, qui ont prévu de se mettre en grève à partir du 11 ? Si FO ne s’est pas associée à la mobilisation nationale de ce 5 décembre, l’organisation participera localement à certaines actions.