LES SYNDICATS METTENT DÉJÀ LA PRESSION SUR LE FUTUR GOUVERNEMENT
La grève du 5 décembre est une “réussite” et une “alerte au futur gouvernement”, considèrent les syndicats de la fonction publique qui avaient appelé à la mobilisation. Force ouvrière, de son côté, suspend son appel à la grève des 10, 11 et 12 décembre, dans l’attente des orientations du nouvel exécutif. Mais elle prévient que “reconduire des mesures antifonctionnaires relancera immédiatement un nouvel appel à la grève”.
Les syndicats de la fonction publique ne relâchent pas la pression après la grève du 5 décembre. “Une réussite” à leurs yeux, et même une “alerte au futur gouvernement”, affirment les organisations syndicales dans un communiqué commun. “La mobilisation a été significative et nos organisations s’en félicitent”, soulignent ainsi les 7 syndicats qui avaient appelé à la mobilisation, la CGT, la CFDT, l’Unsa, la FSU, Solidaires, la FA-FP et la CFE-CGC.
Pour rappel, le taux de grévistes s’est établi à 19 % dans la fonction publique d’État jeudi, soit près de trois fois plus d’agents en grève que lors de la dernière mobilisation, qui remontait à mars dernier. La mobilisation a majoritairement été portée par l’éducation nationale et les finances publiques. La participation a en revanche été plus faible dans la territoriale et l’hospitalière, où elle a atteint respectivement 6,4 % et 5,6 % de grévistes.
Pour rappel, un doute planait sur l’ampleur de la mobilisation du 5 décembre, au regard de l’incertitude politique, qui aurait pu démotiver les agents publics. Ceux qui avaient envisagé, encore quelques jours avant, de se mettre en grève auraient pu renoncer à le faire après la chute du gouvernement Barnier, juste à la veille de la journée de mobilisation, entraînant la caducité des mesures annoncées sur la baisse de la rémunération des agents durant leurs arrêts maladie. Car les syndicats avaient fait du retrait de ces mesures l’un des principaux mots d’ordre de mobilisation pour la journée du 5 décembre.
La traduction d’une “crise profonde”
Après coup, les syndicats estiment que cette journée de mobilisation “a permis aux agents d’exprimer leur refus très majoritaire” de ces mesures, notamment la hausse du nombre de jours de carence envisagée par le gouvernement Barnier, la diminution du taux de remplacement de la rémunération des agents publics durant leurs arrêts maladie de courte durée, mais aussi le non-versement, cette année, de la Gipa, l’indemnité de pouvoir d’achat des agents publics.
Les représentants du personnel estiment surtout qu’il “est plus que temps de prendre la mesure de la crise profonde dont cette journée n’est qu’une des traductions”. Outre l’abandon des mesures critiquées, les organisations syndicales appellent le futur gouvernement à “rétablir la confiance” et à “ouvrir les chantiers indispensables relatifs à l’attractivité de la fonction publique et à la fidélisation des agents”.
Les syndicats en profitent ainsi pour réclamer de nouveau des mesures de revalorisation salariale pour les agents et davantage de moyens pour le secteur public, mais aussi des modifications plus structurelles, comme une refonte des grilles salariales ou encore un renforcement des politiques d’égalité salariale entre les femmes et les hommes.
Déjà un préavis de grève à partir de janvier
Forts des chiffres du 5 décembre, les syndicats appellent d’autre part à “poursuivre la mobilisation engagée” pour peser, “si nécessaire”, sur le futur gouvernement. Si aucune nouvelle date de mobilisation unitaire n’est encore actée, la CGT, FSU et Solidaires ont appelé les agents à se mobiliser dès ce lundi 9 décembre avec, expliquent ces 3 organisations, “un temps fort, pouvant aller jusqu’à la grève, le jeudi 12 décembre”, soit la date de mobilisation retenue par la CGT pour protester contre les différents plans sociaux en entreprises.
Seule organisation de la fonction publique qui n’avait pas appelé à la mobilisation le 5 décembre, Force ouvrière (FO) a décidé quant à elle de suspendre son appel à la grève de trois jours reconductibles à compter du 10 décembre, “dans l’attente des orientations du nouveau gouvernement”. Ce syndicat lance d’ores et déjà un “avertissement solennel” au prochain gouvernement : “reconduire des mesures antifonctionnaires relancera immédiatement un nouvel appel à la grève”. FO vient d’ailleurs de déposer un préavis de grève pour la période courant du 1er janvier au 31 mars prochain. Le prochain gouvernement est prévenu.