GOUVERNEMENT BAYROU : LAURENT MARCANGELI, UN PROCHE D’ÉDOUARD PHILIPPE À LA TÊTE DE LA FONCTION PUBLIQUE

Le président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale succède à Guillaume Kasbarian comme ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification. Le député corse aura la lourde tâche d’apaiser le climat social dans le secteur public.

La très agitée “ère Kasbarian” n’aura duré que trois mois et deux jours. En poste depuis septembre dernier dans le gouvernement de Michel Barnier, Guillaume Kasbarian n’a pas été reconduit au sein de l’équipe du nouveau Premier ministre, François Bayrou. Il vient en effet d’être remplacé par le président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, Laurent Marcangeli.

Avocat de formation, ce député corse reprend ainsi un ministère de plein exercice pour la Fonction publique, précisément avec le titre de ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification. Un titre ministériel quasi similaire à celui que détenait Guillaume Kasbarian, qui était ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de l’action publique.

L’intitulé des fonctions de l’ancien maire d’Ajaccio Laurent Marcangeli fait aussi écho à celui de Gérald Darmanin lorsque ce dernier était, de 2017 à 2020, ministre de l’Action et des Comptes publics, en charge du budget mais aussi de la réforme de l’État et de la fonction publique, lesquels étaient alors dans le giron de Bercy. Au-delà de la réforme de l’État – un sujet qui tient à cœur de l’ancien Premier ministre et fondateur d’Horizons, Édouard Philippe –, Laurent Marcangeli aura surtout la lourde tâche de tenter de retisser des liens avec les agents publics et d’apaiser le climat social dans la fonction publique.

Plusieurs dossiers sensibles dans la fonction publique 

La courte ère Kasbarian a en effet donné lieu à de nombreux remous, entre le gouvernement et les syndicats notamment, mais aussi avec les employeurs territoriaux. En cause, notamment : le projet du ministre d’abaisser la rémunération des agents publics durant leurs arrêts maladie en passant de 1 à 3 jours de carence, ainsi que l’abaissement (de 100 à 90%) du taux de remplacement de la rémunération des agents publics durant leurs arrêts maladie de courte durée. Des mesures suspendues en raison de la censure du gouvernement Barnier et dont on peut s’attendre à ce qu’elles reviennent sur la table en début d’année prochaine, à l’occasion de la relance des débats sur le budget 2025.

Charge désormais au nouveau ministre de préciser ses intentions sur ce sujet des arrêts maladie, sachant que lors de l’examen du budget en commission, les députés Horizons avaient soutenu les mesures présentées par Guillaume Kasbarian dans le cadre de son “plan de lutte contre l’absentéisme”.

Laurent Marcangeli aura rapidement d’autres priorités pour la fonction publique, dans un contexte de crise d’attractivité. Surtout, que fera-t-il de la grande réforme préparée par l’ex-ministre Stanislas Guerini visant à rendre la fonction publique “plus attractive et plus moderne” ? À son arrivée à l’hôtel de Rothelin-Charolais, le siège du ministère de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian avait d’abord affiché sa volonté de relancer cette “réforme Guerini”. Puis le flou est demeuré pendant plusieurs semaines sur ses intentions, avant que Guillaume Kasbarian n’abandonne, début novembre, l’idée d’une “grande loi” fonction publique au vu de la situation politique.

Appel à l’apaisement

Le ministre n’avait pas pour autant renoncé à développer la rémunération au mérite dans la fonction publique. Laurent Marcangeli a-t-il la même intention ? Réponse dans les prochaines semaines. Les syndicats l’attendent déjà de pied ferme. Luc Farré, de l’Unsa, déclare ainsi notamment souhaiter “un changement de politique avec du respect pour les agents” et “le renoncement à des mesures négatives contre leur santé”. 

“Place à l’apaisement et au travail de fond, demande de son côté la CFDT Fonctions publiques. Après un dernier trimestre 2024 particulièrement calamiteux pour les agents publics et le dialogue social, il est nécessaire que le gouvernement se donne les moyens de l’apaisement pour construire des réponses durables aux enjeux d’attractivité.” Et, selon la CFDT, le “premier des signaux” positifs serait de rétablir le versement de la Gipa, l’indemnité de pouvoir d’achat des agents, mais aussi d’abandonner le projet de baisse de la rémunération des agents durant leurs arrêts maladie.